mercredi 3 novembre 2010

Chapitre1: La fuite - épisode 4



La pluie glacée et le nuage de poussière soulevé donnaient l’impression qu’un feu venait d’être circoncis dans la cuisine. Des faisceaux de lumières s’agitèrent et s’éteignirent aussitôt. Couvert de débris de verre, l’homme se releva lentement en rejetant au loin tout ce qu’il avait sur le dos. Un toussotement le rassura, sa femme n’avait rien. Les yeux mouillés, elle serrait, tremblante, son enfant. Un rire nerveux saccada sa respiration quand elle le vit respirer paisiblement, et le deuxième cœur de l’homme se remit à battre. Le pouvoir, il l’avait aussi, même s’il était légèrement différent de celui de son fils. Un peu comme l’eau salée et l’eau douce : l’une corrosive et abondante, l’autre douce, salvatrice, rare, mais ô combien puissante. Le corps fumant, les traits de son visage s’accentuèrent brusquement quand il fit face aux mystérieux assaillants. 

Ils étaient quatre; tenues cuirassées aussi sombres que la nuit; casques cachant entièrement leurs visages; et fusils d’assaut à la dégaine futuriste munis de faisceaux lasers, dévoilant au passage le nuage de poussière.

Des miliciens !
  
Ce que redoutait le plus le couple. Une telle extrémité dans l’intervention ne pouvait signifier qu’une chose. 

Ils savaient !

Au-dessus des assaillants, des cordes aussi noires que leurs tenues, luisaient comme des lianes dans une jungle amazonienne des temps anciens sous une mousson dévastatrice. Difficile de distinguer leurs silhouettes suintantes. Seuls les ronds rouges rubis de leurs lunettes de vision nocturne trahissaient de nouveau leurs présences, s’étalant comme un coucher de soleil sur une vitre mouillée.  

L’un d’eux s’avança d’un pas déterminé dans un crissement de verre brisé, et annonça d’une voix beaucoup trop grave pour être la sienne : 

-          L’enfant, où est…

Le milicien n’avait pas encore fini sa phrase qu’un éclair vert illumina soudainement toute la serre. S’en suivit un grondement terrible, qui fit trembler toute la structure en verre, devenu le théâtre d’un spectacle aussi incroyable qu’effrayant.

vendredi 8 octobre 2010

Chapitre 1: La fuite - épisode 3



Surveillant leurs arrières, le couple traversa à vive allure la mezzanine de bois richement décorée qui passait au-dessus du salon. En bas, l’ombre des plantes exotiques s’était transformée en un monstre tentaculaire qui tentait en vain de dévorer le tapis. Dehors, les nuages sombres enflaient, se tordaient et s’effilaient dans un grésillement électrique menaçant. Poussée par un vent violent, la pluie avait redoublé de force, s’abattant violemment sur la cité haute, comme si elle cherchait à en briser toutes les vitres. Mais ce n’était pas ce qui inquiétait le plus l’homme. Des formes sombres se déplaçaient rapidement à travers les jardins suspendus jouxtant la propriété. Sautant agilement d'une plate-forme magnétique à une autre, se faufilant telles des ombres entre les arbres et les plantes exotiques, presque imperceptibles dans l’obscurité de cette verdure d’au-delà du système solaire. Seuls des points rouges en mouvement trahissaient leurs présences d’une trainée écarlate : yeux féroces du prédateur traquant sa proie. 

N’en disant rien à sa femme pour ne pas l'inquiéter, l’homme pressa le pas en serrant la mâchoire. Au bout de la mezzanine, une porte, tout aussi richement décorée, débouchait dans une haute et majestueuse serre en verre de régolithe. La prouesse architecturale était digne des plus grands jardins botaniques des temps anciens, lorsque sur Terre la nature existait encore et qu’elle s’exposait comme une curiosité abondante. 

Peut être un peu trop majestueux pour une simple cuisine, mais n’était-ce pas à l’image du faste des Hautes-Sphères ? La capitale suspendue, exclusivement réservée à la bourgeoisie terrienne, aimait se complaire dans un luxe des plus exubérants, comme si elle cherchait à oublier la douloureuse blessure de la planète.

Le couple descendit rapidement un escalier en colimaçon, finement ciselé. Il s’agissait de faire au plus vite ! Mettre l’enfant en sécurité était la priorité.

                À peine étaient-ils arrivés en bas qu’un fracas assourdissant, suivi du cri aigu de la jeune femme, retentissait dans toute la serre. Tout se déroula en quelques secondes. L’homme eut juste le temps de se jeter sur sa femme et son fils pour les protéger de la pluie de débris étincelants qui s'abattit lourdement sur eux.

dimanche 3 octobre 2010

Chapitre 1: La fuite - épisode 2





À l’étage, l’homme qui avait répondu au téléphone plus tôt dans la soirée se redressa sans faire de bruit, éclairé pendant quelques instants par un rayon de lune. Il avait espéré que ce n’était qu’une fausse alerte, qu’« il » s’était trompé. Cette malédiction, elle le poursuivrait éternellement. Les pupilles dilatées, il inspira, puis expira longuement en arquant ses épaules.
-          Fais chier !… Sihem… Sihem réveille toi, murmura-t-il à sa femme couchée près de lui. Ils sont là ! 

La dernière phrase eut l’effet d’un électrochoc sur la jeune femme, qui se réveilla en sursaut. Effrayée, dans un premier temps, le regard de son mari la rassura. Elle savait déjà ce qu’elle devait faire, tout était parfaitement rodé. Cela faisait des mois qu’ils se préparaient à cette éventualité. Ces derniers temps, on leur posait beaucoup trop de questions. Sans parler de cette sensation d’être constamment épiés et suivis, comme si les autres se doutaient de quelque chose, comme s’ils savaient. 

Dans un sens, elle était bien plus « croyante » que lui. La nouvelle ! Elle l’avait accueilli comme un espoir. Lui, comme le retour brutal d’une réalité qu’il avait cherché à oublier.

Pourquoi mon propre fils ? Je voulais juste d’une vie tranquille après tout ce temps… j’en suis presque à le maudire, alors que je l’ai voulu plus que tout… je ne peux que me maudire moi-même, j’ai dû lui transmettre un truc… maudite prophétie ! 

Le ventre crispé par la peur, la jeune femme entra dans la chambre située près de la leur, pendant que son mari surveillait le couloir, en enfilant paires de chaussettes et chaussures. Elle en ressortit quelques minutes plus tard les bras chargés d’un sac et, emmitouflé dans plusieurs couvertures, d'un petit garçon qui dormait encore à poings fermés. 

samedi 4 septembre 2010

Chapitre 1: La fuite - épisode 1

Dans les Hautes-Sphères de la cité de Thira, il était près de minuit quand, dans l’appartement 247, aux 17 avenue de la confédération, un téléphone se mit à sonner.

-          Oui ! répondit un homme d’une voix grave.
-          C’est moi, rétorqua un deuxième. Mais je dois être bref ! La ligne est probablement sous écoute. Ce soir, ils seront là ! Alors, sois prêt à partir et surtout — il y eut un soupir — surtout, mets-le en sécurité. 

Le signal de fin d’appel retentissait, tandis que le combiné était raccroché lentement. Dehors, de gros nuages plus sombres que la nuit prenaient peu à peu possession du ciel, présageant une grosse tempête. Ce qui ne se fit pas attendre. Un peu plus tard, la pluie martelait déjà les vitres de l’appartement, se transformant très vite en un déluge torrentiel, inondant les hauteurs de la planète Terre.

Dans l’appartement, en dehors du tambourinement incessant de la pluie, tout était silencieux. On entendait à peine le long ronflement du frigo dans la vaste cuisine, et le tic tac répétitif de l’horloge aux neuf cadrans planétaires du salon. Quelques plantes, importées d’une lointaine planète, projetaient leurs ombres dansantes sur un tapis moelleux et duveté, donnant ainsi plus d’intensité au silence ambiant.

Un silence qui jurait avec le fracas soudain qui se fit entendre. Le cadran terrestre de l’horloge indiquait les deux heures du matin. Une vitre brisée ? Probablement.

Prologue




Je m’en souviens comme si c’était hier… c’était quelques heures avant le grand cataclysme...

-          Que voulez-vous encore, professeur ?
-          C’est une erreur, et vous le savez tout autant que moi ! Une erreur monumentale. Écoutez-moi, colonel… ÉCOUTEZ-MOI BON SANG ! 

D’un coup de bras, une table était vidée. Plusieurs feuilles voletaient en projetant leurs ombres sur un visage empourpré, face à un visage froid et intransigeant.

-           Regardez, les glyphes… les glyphes de cette ancienne civilisation sont un avertissement. D’autres nous ont précédés dans cette folie, si nous continuons vous allez causer notre perte, notre perte à tous. Exactement comme les atlantes ont causé la leur.
-          Fermez-la ! Nous ne sommes pas de vulgaires pillards de tombeaux professeur. C’est le gouvernement qui nous envoie, votre théorie à la con vous la gardez pour vous ou vous en faites un rapport. Nous sommes là pour une question de sécurité nationale ! L’avenir de notre nation en dépend.
-          Et moi je vous parle de la survie de l’humanité tout entière. Briser le rouage principal qui fait tourner tout le cycle de la vie, c’est nous condamner tous ! Pas seulement notre nation, mais la planète entière. Je ne vous laisserai pas faire une connerie pareille, même si je dois y payer de ma vie.

Pff, les paroles d’un faible…

-          Lieutenant ! Mettez cet homme aux arrêts. Je veux que cette insubordination soit détaillée dans le rapport. Je le remettrais moi même au président.

Cela fait si longtemps…

-          BON SANG ! MAIS QU’EST-CE QUE C’EST QUE ÇA ?
-          COLONEL, IL FAUT SE REPLIER. PRESQUE TOUS NOS HOMMES SONT…
-          JE VOUS AVAIS PRÉVENU ! FUYEZ SI VOUS TENEZ À LA VIE, FUYEZ. LA TERRE, ELLE N’AURA AUCUN SCRUPULE À VOUS LA PRENDRE !
-          PAS SANS LE CŒUR !
-          NOOOOON ! NE FAITES PAS ÇA !

Une réalité qui me hante depuis plus de mille ans…

Présentation

Bienvenue sur mon Blog. Écrivain à mes heures perdues, j'aimerai à travers cette page vous faire partager l'univers de mon roman intitulé: Le cœur de Gaïa - À la lisière des Nouveaux Mondes.

Le cœur de Gaïa, qu'est-ce que c'est ?


Je dirais que c'est un mélange de deux genres, science-fiction et fantastique.

L'idée m'est venue il y a à peu près 5 ans, et puis elle est restée là, à trotter dans ma tête un petit moment. Ce n'est que deux ans après que je me suis mis à l'écrire sérieusement. J'arrive donc à un stade où, ce n'est pas encore fini, fini, mais ça a de la gueule!

Le truc, c'est que c'est mon avis personnel ! Et quand on a la tête dans le guidon, on n'est pas souvent très objectif.

Alors voilà je me lance, et je jette en pâture mon "tapuscrit". Peut être que certains auront une indigestion, que d'autre trouverons ça plutôt bon, en tout cas j'espère avec ce blog avoir les ingrédients qu'il faut pour améliorer la recette !

Je vais donc publier, épisode par épisode, quelques chapitres de mon livre, et je commencerais par le prologue et l'épisode 1.

Synopsis: 


Sur Terre, la nature n’existe plus, elle doit être importée d’ailleurs, bien au-delà du nuage d’Oort. Idriss, un orphelin des bas-fonds, observe les étoiles les bras croisés derrière la tête et les pieds ballants. Au loin, les Hautes-Sphères brillent de mille feux, comme une horloge au mécanisme de verre complexe en constante rotation. Il veut partir, vivre l’aventure, et découvrir la nature en voguant à travers l’espace.

Son chemin croisera celui du boucanier-archéologue Marcus O’Léviathan, l’un des pirates les plus recherchés par le gouvernement. À bord du Renégat et avec ses  meilleurs amis Byankabé et de Sheïness, l’aventure ne ferra que commencer. 

Rattrapé par son destin, il découvrira qui il est vraiment, et devra reconstituer le cœur de Gaïa, une relique ancienne capable de guérir la Terre. Pour cela, il devra se battre, son pouvoir est convoité : une prophétie l'a révélé. Être capables de manipuler la nature, dans un monde où elle a disparu, intéresse au plus haut point les Âmes-Damnées.


Je vous souhaites donc une bonne lecture et me réjouis de lire vos avis et vos remarques.